L’éducation continue de jouer un rôle important pendant la pandémie de COVID-19, mais en raison des circonstances actuelles, les élèves et les étudiants doivent changer leur façon d'apprendre.
Plusieurs pays ont opté pour l’enseignement à distance pour limiter la propagation du Coronavirus.
BOTI SCHOOL essaye dans ses articles de donner une vue d'ensemble détaillée et complète des différentes expériences des pays affectés par le COVID-19 et montrer comment ils ont réagi pour sauver l’éducation et assurer la continuité de l’enseignement.
Après la Turquie et la Finlande, c’est le tour du Japon.
Lorsque le Premier ministre Japonais Shinzo Abe a annoncé la fermeture soudaine des écoles à la fin du mois de février, alors que la propagation du COVID-19 était préoccupante, les enseignants et les parents se sont retrouvés à chercher des alternatives à l'apprentissage en classe. Et comme dans d'autres pays, les établissements d'enseignement japonais ont été fortement touchés par le coronavirus.
Une fois le choc de COVID-19 ressenti, le gouvernement japonais a déclaré l'état d'urgence, tandis que de nombreux employés ont été invités à travailler à domicile.
Cependant, compte tenu de la culture de la société japonaise, la pratique du travail à domicile a été difficile.
En plus, le virus a fait des ravages dans le système éducatif japonais. Or, le gouvernement japonais a proposé les « trois C » comme ligne directrice pour prévenir la propagation de l'infection.
Les trois C comprennent des espaces fermés, des lieux surpeuplés et des paramètres de contact étroit.
Le risque infectieux est particulièrement élevé lorsque les trois C se chevauchent. Et vu que les écoles détiennent tous ces facteurs en plus d'autres qui concernent l'environnement scolaire en particulier.
Ce qui fait qu’à la mi-avril, 45 des 47 préfectures du Japon avaient fermé des écoles primaires et secondaires. Les conseils scolaires et les professeurs sont débordés par la création de salles de classe en ligne et la facilitation du reste de l'année scolaire...
Déjà, de nombreuses écoles au Japon n'exercent pas d'enseignement utilisant les technologies de l'information et de la communication (TIC) ce qui a rendu la tâche encore plus difficile.
Les écoles privées disposent d'ordinateurs ou de tablettes accessibles à tous les élèves et proposent régulièrement des cours en ligne. D'un autre côté, la plupart des écoles publiques n'ont pas les ressources financières pour fournir de tels outils à tous les élèves.
L'impact de cette lacune dans l'enseignement des TIC devient très net dans cette situation inhabituelle. En outre, les étudiants du secondaire seront particulièrement touchés par les problèmes liés aux TIC.
Au Japon, les examens d'entrée dans les universités ont généralement lieu de janvier à mars. Si les étudiants ne sont pas en mesure d'étudier le contenu requis, leur capacité à poursuivre des études supérieures sera gravement entravée. Encore un point en faveur des écoles privées.
Par ailleurs, le Japon peut jouir d'une réputation internationale en matière d'innovation, mais cela ne s'étend pas au secteur éducatif dans son ensemble.
D'autres pays ont rapidement mis en œuvre des options d'apprentissage en ligne car leurs citoyens ont été invités à s'abriter sur place à la maison, mais la plupart des enfants japonais ont été convoqués à l'école avant les fermetures pour collecter des tas de feuilles de devoirs pour les repousser jusqu’au relâche scolaire.
Malheureusement, le Japon a pris du retard dans l'introduction de la technologie dans la salle de classe parce que les enseignants ne sont généralement pas familiers avec les nouvelles pratiques pédagogiques. Ceci dit, le remplacement du présentiel par l’apprentissage en ligne a été difficile.
Le Japon n’a jamais eu l'expérience de l'apprentissage en ligne collaboratif, basé sur des projets, où les étudiants réalisent des projets en équipe. Les experts de l’éducation au Japon ont tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention sur l’importance de l’intégration de l’EdTech (la technologie éducative).
Ceci s’explique par le style traditionnel de cours à sens unique au Japon qui n’a guère incité de nombreux enseignants à apprendre à utiliser efficacement les outils des technologies de l’information et de la communication.
La conférencière Chikako Nagaoka (conçoit des programmes en ligne et développe des fonctions pour les systèmes de gestion de l'apprentissage LMS) suggère de commencer par séparer les activités d'apprentissage en ce que les élèves peuvent faire eux-mêmes avec un LMS (lire des diapositives, regarder des vidéos ou répondre à des quiz) et des activités qui nécessitent des réunions synchronisées (discussions).
Heureusement, certains éducateurs ont déjà franchi le pas et ont trouvé comment adopter les outils en ligne disponibles (Créer une chaîne YouTube, faire des leçons Powerpoint, utiliser des salles de discussion sur Zoom…).
Par ailleurs, Ryan Lege (maître de conférences en développement professionnel en technologies de l'information et des communications (TIC) à l'Université d'études internationales de Kanda à Chiba) affirme que l’apprentissage en ligne est la meilleure façon de minimiser le risque d'infection pour les étudiants tout en évitant une interruption de leurs études.
Pour cela, son établissement a organisé des sessions de formation, ainsi que des leçons simulées organisées pour aider les enseignants et les étudiants à s'acclimater aux cours en ligne.
En revanche, l’intégration des technologies aux cours n’étaient pas chose aisée pour tous les acteurs japonais. Au Japon, il y a des professeurs qui ne savent toujours pas utiliser un ordinateur, un bon nombre de membres du personnel administratif n’a aucune idée de ce qu'est un disque ou un stockage cloud.
Concernant les étudiants universitaires qui ne possèdent pas leur propre ordinateur, ils ont pensé qu’il serait plus judicieux d'utiliser des plates-formes facilement accessibles avec les smartphones. C'est une lueur d'espoir mais le défi reste à s'adapter totalement.
Par ailleurs, certaines écoles privées japonaises adoptent déjà la technologie depuis un certain temps, ce qui a créé un écart énorme entre l'enseignement public et privé.
Adam Jenkins de l'Institut Shizuoka des sciences et technologies et également officier de la Moodle Association of Japan (une organisation à but non lucratif qui soutient la recherche et le développement) affirme que les enseignants japonais doivent essayer d'utiliser tous les outils pédagogiques à leur disposition pour le meilleur effet possible tel que Moodle.
Jenkins suggère aussi que les éducateurs doivent considérer l'apprentissage en ligne non pas comme une alternative complète à la classe traditionnelle, mais comme un moyen de l'améliorer, dans ce que l'on appelle « l’apprentissage mixte ».
Finalement, bien que COVID-19 ait indubitablement causé des défis et un stress sans précédent aux enseignants et aux étudiants, il pourrait être une opportunité pour le système éducatif japonais d'avancer enfin en termes d'edtech.